21.04.2014 | Disséminations expérimentales en Suisse

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L’essai en plein champ ne sert à rien dans l’optique d’une recherche variétale axée sur la durabilité. Photo : Roland zh


Les sélectionneurs de semences de céréales biologiques d’Allemagne et de Suisse ont contacté l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) suite à la demande déposée par Agroscope en vue d’une dissémination expérimentale de blé d’hiver génétiquement modifié. « La recherche publique effectuée en Allemagne et en Suisse dans le domaine de la sélection végétale sert de socle au développement des variétés de plantes agricoles cultivées en Europe centrale. Elle a une influence décisive sur les objectifs en matière de sélection variétale et sur la matière première servant à développer les céréales du futur », écrivent les sélectionneurs dans une lettre ouverte. Du moment qu’elle est financée par des fonds publics, la recherche devrait soutenir les projets en fonction du contexte économique et écologique. L’essai de dissémination n’est pas utile dans l’optique d’une sélection variétale axée sur la durabilité et il s’intègre mal dans le contexte social et agricole européen.

« En tant que sélectionneurs de céréales bio, nous nous interrogeons sur l’utilisation de l’argent public pour la recherche variétale », peut-on lire dans la lettre. « Le blé est l’une des cultures les plus importantes en termes économiques, avec des investissements publics et privés considérables engagés dans la recherche et le développement. Augmenter le rendement et la teneur en protéines est l’un des objectifs de recherche classiques de l’économie privée, motivée par le succès commercial. Les crédits de la recherche publique devraient servir à encourager des objectifs économiquement moins intéressants – une qualité nutritive améliorée, par exemple – ou des types de cultures comme les légumes secs. Les légumineuses à grains constituent une source de protéines importante. Le manque d’investissements a rendu leur culture non rentable et les a progressivement évincées de la pratique agricole. Le blé comme source de protéines alternative apparaît peu approprié dans l’optique d’une production agricole, d’une rotation des cultures et d’une alimentation équilibrées. »

Le dogme des augmentations de rendements unilatérales nécessite une remise en question critique dans le contexte de l’appauvrissement des ressources telles que le phosphore ou de l’accroissement des intolérances aux céréales, réclament encore les sélectionneurs. L’argent de la recherche devrait davantage profiter aux projets décentralisés comme le développement participatif de populations de céréales capables de s’adapter aux exigences locales de l’agriculture et revêtant un intérêt stratégique majeur en termes d’adaptation aux changements climatiques.

Les sélectionneurs écologiques sont préoccupés aussi par les questions liées à la biosécurité. « Notre quotidien de sélectionneur nous a montrés que la contamination par pollinisation croisée peut intervenir aussi sur de grandes distances en petites quantités. La multiplication peut passer inaperçue et s’établir dans les chaînes de production agricoles. »

Dans l’intérêt de la société, il faudrait concevoir la sélection et la production de semences exemptes d’OGM comme une tâche d’utilité publique et lui accorder un soutien et un financement adéquats, estiment les sélectionneurs bio.