dessin Burki Monsanto web

Le journal Le Monde révèle Que Monsanto a exercé de son influence pour faire retiré une étude dans Food and Chemical Toxicology

Une étude réalisée par le journaliste Stephane Foucart du journal Le Monde montre que la transnationale Monsanto a exercé des pressions sur la revue FCT pour voir rétractée l’étude. Des courriels échangés entre un des éditeurs et Monsanto ont pu être obtenus par l’ONG US Right to Know et ont été étudiés par S.Foucart. Ils dévoilent selon le journaliste « l’influence des firmes agrochimiques sur certains personnels académiques et sur la construction de la connaissance.»

En novembre 2013, la revue spécialisée Food and Chemical Toxicology (FCT) faisait savoir qu'elle retirait la publication de l'étude menée par l'équipe du français Gilles-Eric Séralini publiée en septembre 2012. Pour rappel cette étude montrait que le Roundup, l'herbicide le plus vendu au monde, est toxique pour les rats, provoquant des anomalies sévères sur le foie et les reins, des dérèglements hormonaux ainsi que l'apparition prématurée de tumeurs. Les mêmes effets, un peu moins marqués, ont été constatés sur les rats nourris au maïs transgénique tolérant l'herbicide. Le retrait d’une publication est toujours motivé par la fraude, le plagiat ou encore des erreurs avérées commises de bonne foi. N’entrant dans aucune de ces catégories, l’étude de M. Séralini a été la première à être retirée pour « inconclusivité », nouveau critère établit spécialement pour cette étude et plus utilisé depuis. Ce retrait avait soulevé un vent de critique chez beaucoup de scientifique car le retrait viole non seulement les principes en vigueur à FCT, mais aussi les règles fondamentales des bonnes pratiques scientifiques.

Les courriels montrent une singulière proximité entre Richard Goodman, professeur à l’université du Nebraska à Lincoln (Etats-Unis), spécialiste des allergènes alimentaires et son ancien employeur...Monsanto. Enfin pas si ancien puisque ce cher professeur dépend à 50% de Monsanto, BASF,Dupont, Dow pour son salaire comme on peut l’apprendre dans l’article du Monde. Ces géants de l’agrochimie le paie pour établir une base de données des allergènes alimentaires. Alors que l’affaire Séralini battait son plein, le toxicologue Wallace Hayes, alors rédacteur en chef de la revue FCT, annonçait par courriel à des responsables de Monsanto que M. Goodman serait désormais chargé des biotechnologies au sein de la revue en ajoutant « Ma requête, en tant que rédacteur en chef, et de la part du professeur Goodman, est que ceux d’entre vous qui sont hautement critiques
du récent article de Séralini et de ses coauteurs se portent volontaires comme reviewers potentiels. » En clair, M. Hayes invitait formellement les toxicologues de Monsanto à expertiser les études traitant des OGM et soumises à la revue, en vue de leur acceptation ou de leur rejet. Dans certains cas, le professeur américain s’en remettait même au jugement des toxicologues de Monsanto, lorsqu’il devait évaluer un article dont certains aspects dépassait ses connaissances.

S’il ne peut pas être prouvé que cette nomination ait eu un impact sur les articles acceptés par la revue, cette dernière a, selon les informations du journal, bel et bien rejeté la première étude académique de toxicité chronique d’un maïs transgénique de Monsanto – le MON810 – sur Daphnia magna. L’étude suggérait des effets délétères sur ce petit crustacé d’eau douce, utilisé comme modèle d’étude par les écotoxicologues. C’est M. Goodman qui avait signifié aux auteurs le rejet, mettant en avant les rapports défavorables de reviewers qui n’étaient autres que ... des employés de Monsanto ?

L’article fait aussi état d’une invitation à participer à une session d’entrainement média avant un entretien à la radio américaine sur la sécurité des OGM ou alors les reprimande de Monsanto lorsque Goodmann exprime son opinion et que cette dernière semble avoir été interprétée par le journaliste comme « laissant penser que nous n’en savons pas assez sur les biotechnologies pour dire qu’elles sont sans danger ».

Pour Foucart, « le financement de travaux scientifiques par les industriels implique pour les chercheurs
universitaires un engagement qui va bien au-delà de la simple production de connaissances. Il
impose une forme de contrôle sur la parole publique du chercheur. »

L’affaire Séralini a bel et bien créé un précédent. La pénétration de l’industrie dans les comités éditoriaux des revues scientifiques sabre la base de la crédibilité de la validation des recherches scientifiques, à savoir le processus de validation par les paires. Si jusqu’à aujourd’hui, aucune preuve du lien entre Monsanto et le retrait de cette étude n’avait pu être apporté...maintenant c’est chose faite.