25.09.2015 | Dommages

141212Basel Rheinhafen
Le colza GM a été introduit dans l’environnement lors du déchargement de blé canadien contaminé au port de Bâle.

Le 25 juin 2015, quatre chercheurs suisses publiaient dans la revue Environmental Science and Pollution Research un article qui explique la présence de différents colzas transgéniques en Suisse alors même que la culture et l’importation est interdite. Entre 2010 et 2014, le colza a principalement été importé sous forme de tourteau (graines pressées). Les importations de colza sous cette forme ne peuvent pas expliquer les contaminations.

Les chercheurs ont examinés une autre piste et ont noté que le port rhénan de Bâle était une des portes d’entrée du blé dur en Suisse et qu’entre 2010 et 2013, « 19 % de l’ensemble du blé importé en Suisse venait du Canada ».

Or au Canada « 90 % des colzas cultivés étaient génétiquement modifiés » et sont cultivés en rotation avec le blé. Ils ont alors émis l’hypothèse que les impuretés de colza pouvaient venir des importations de blé. Pour vérifier cette hypothèse, ils ont analysé des échantillons de déchets recueillis pendant le nettoyage mécanique du blé canadien dans deux moulins, Jowa (Wildegg) et Swissmill (Zürich), dont les blés transitent par Bâle. Ils ont non seulement trouvé du colza, mais du colza capable de germer (le taux de germination a été évalué entre 16 et 34%) et bien entendu transgénique (entre 47 et 67%). Ils ont aussi établi qu’il y avait en moyenne 0,005 % de colza dans le blé importé. Des graines de colza perdues à la récolte peuvent facilement germer dans la culture suivante de blé et former une plante qui sera récoltée avec le blé. Des contaminations peuvent aussi avoir lieu durant le stockage ou le transport car les graines de colza sont minuscules.

La Suisse a importé, entre 2010 et 2013, 77 512 tonnes annuellement de blé (dur et tendre confondus). Les chercheurs estiment donc que la Suisse a importé à son insu entre 90 et 273 millions de semences de colza transgénique viables !

Le colza est passé inaperçu dans les lots de blé car ces derniers sont rarement testés car premièrement, le blé transgénique n’est pas cultivé dans le monde; et deuxièmement, le nettoyage mécanique du blé élimine aussi les impuretés.

Les chercheurs concluent que même si les impuretés se situent en dessous du seuil de détectabilité, elles sont sources d’inquiétudes en ce qui concerne la contamination de l’environnement. Selon eux des efforts doivent être fait pour minimiser la perte de semences lors des déchargements et des transports.

Cette mesure semble cependant peu applicable car les graines sont tellement petites que leur confinement est dans la pratique impossible. L’unique solution serait d’arrêter les importations de blé en provenance des pays à risques.